L’agriculture constitue un facteur très déterminant dans le processus de développement d’un pays. Les éléments naturels tels que les conditions climatiques, l’état des sols etc. jouent un rôle important dans la productivité de l’agriculture. L’Afrique est considérée comme l’un des continents les plus vulnérables au changement climatique selon le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC, 2OO7). Ce qui rend les défis de développement des pays africains plus difficiles. Le Burkina Faso n’est pas en marge car 85% de la population active est agricole selon les données de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD, 2008).
Conscient de l’importance de l’agriculture dans l’économie burkinabè, des structures interviennent au côté des paysans pour les aider à limiter les effets négatifs des changements climatiques sur leur production. Parmi ces structures on a les Organisations Non Gouvernementales (ONG). Le présent article est une approche analytique sur la contribution des ONG au renforcement de la résilience des paysans face au changement climatique au Burkina Faso : cas spécifique du Réseau des Méthodes Actives de Recherche et de. Planification Participatives (MARP) du Burkina dans la province du Zondoma.
Contribution des ONG au renforcement de la résilience des paysans face au changement climatique au Burkina Faso
Au Burkina Faso il y a des ONG qui consacrent leurs activités au renforcement de la résilience des paysans face au changement climatique. C’est le cas de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles. Cette structure œuvre à la mise à la disposition des paysans des semences améliorées qui conviennent dans ce nouveau contexte de rétrécissement de la saison des pluies. Dans certaines régions du Burkina Faso la saison des pluies s’installe de plus en plus tardivement tandis que les pluies cessent de façon précoce ces dernières années. Ce qui réduit la durée de la saison des pluies et occasionne la famine dans de nombreux ménages ruraux. Cependant avec les semences à cycle court, les paysans peuvent faire face à cette contrainte.
Ainsi l’amélioration des techniques culturales permet de faire face au changement climatique. C’est pourquoi la Fédération Nationale des Groupements Naam (FNGN) anciennement appelée Se Servir de la Saison Sèche en Savane et au Sahel (6S) travaille dans l’encadrement des agriculteurs au Burkina Faso. Elle fait la diffusion de nouvelles techniques comme le zaï. En effet cette technique permet de faire face à la rareté des pluies en ce sens qu’elle permet de garder l’humidité pendant un temps plus long. Actuellement dans la partie nord du Burkina elle est une technique bien appréciée en témoigne de son adoption par la plupart des paysans.
En plus certaines ONG aident les paysans à diversifier leur portefeuille d’activités. C’est le cas de l’ONG Solidar Suisse. Cette ONG aide certaines personnes regroupées en association à pratiquer l’élevage moderne. Le revenu dégagé de cette activité leur permet de se procurer des vivres en cas de période de soudure. Une des stratégies efficaces de résilience face au changement climatique est la diversification.
Contribution du Réseau MARP-Burkina au renforcement de la résilience des paysans face au changement climatique dans la province du Zondoma.
De par sa position géographique, , les paysans de la province du Zondoma sont victimes des effets néfastes des changements climatiques dans leurs activités de production agricole. D’où la nécessité d’adopter des stratégies d’adaptation aux changements climatiques. Pour se faire, des initiatives individuelles existent, mais demeurent insuffisantes. C’est la raison pour laquelle le Réseau MARP-Burkina apporte sa contribution en menant des activités diverses. Ces activités sont surtout des activités de diffusion des nouvelles techniques culturales permettant de faire face aux changements climatiques.
Les bénéficiaires apprécient bien ces actions car ils arrivent à produire des quantités suffisantes aux besoins alimentaires de leurs familles. Cela s’explique par l’augmentation du nombre de plats par jour des ménages bénéficiaires. Selon Mr Boureima OUEDRAOGO de Songondin « je ne pouvais assurer que deux (2) repas par jour des fois même un (1). Mais actuellement ma famille prend trois(3) repas par jour. Aussi la qualité des plats est améliorée. Avant j’achetais le mil mais maintenant je n’achète plus. Je prends cet argent pour scolariser mes enfants. » Ces propos ont été recueillis lors d’une enquête en Avril 2017. ces propos confirment la déclaration de Mr Boureima OUEDRAOGO selon laquelle « l’intervention du Réseau MARP-Burkina entraîne une augmentation de la qualité de vie des ménages bénéficiaires malgré la dégradation des conditions naturelles de production ».
Cette amélioration est due aux stratégies adoptées grâce aux formations que le Réseau MARP-Burkina, à travers son partenaire terrain(le Groupe Teed-Béogo de Gourcy), organise au profit des bénéficiaires. CE partenaire terrain à travers ses animateurs suit les bénéficiaires dans la mise en œuvre des techniques dispensées lors des formations. Ces animateurs installent dans les villages d’intervention des structures connues sous le nom de « comité wikf-menga » qui signifie concentre-toi en langue locale Mooré. A travers ces structures, les bénéficiaires s’entraident dans la mise en œuvre des techniques apprises. Au-delà des gains en termes de production agricole, il y a une consolidation des relations sociales qui à son tour est favorable à la solidarité entre les paysans du même village.
Parmi les nouvelles techniques diffusées par le Réseau MARP-Burkina, il y a la technique des diguettes en terre qui est une grande innovation. Elle permet de retenir l’eau de pluie pendant un certain temps pour favoriser une grande infiltration. Cette technique a beaucoup d’avantages. Elle est réalisée avec de la terre. Ce qui ne nécessite pas le transport d’éléments extérieurs comme c’est le cas avec les diguette en pierres. Elle permet de récupérer des terres qui n’étaient pas cultivables compte tenu du contexte de la rareté des pluies. Cette technique a permis à certains d’introduire la riziculture.
Il y a aussi la technique des demi-lunes qui est utilisée pour récupérer les terres sèches appelées « zinpéélé ». Ses avantages sont aussi énormes.
En définitive les conditions de vie des ménages agricoles restent soumises aux aléas climatiques. Ce qui nécessite l’intervention des ONG et autres structures similaires afin d’aider les ménages ruraux à contourner cette nouvelle contrainte climatique. Dans cette logique interventionniste, les structures d’économie sociale et solidaire se présentent comme des solutions de résilience agricole.
Yassia KINDO
Socio-Economiste
Yam Pukri